C’est dans la pittoresque station helvétique de Davos que Chad Hurley, l’un des cofondateurs de YouTube, a annoncé dimanche la grande nouvelle.
Le poids lourds des sites communautaires de vidéo s’apprêterait, d’ici à quelques mois, à rémunérer les contributeurs, ceux qui mettent en ligne leurs vidéos sur le site (lire ci-dessous). « Nous commençons à réunir une audience suffisamment importante pour pouvoir récompenser et favoriser la créativité en partageant nos revenus avec nos utilisateurs », a déclaré Hurley.
L’argument peut faire sourire tant la communauté de YouTube (70 millions de visiteurs par mois en moyenne) est depuis belle lurette « suffisamment importante » pour créer un système de rémunération de ce genre.
Alors pourquoi maintenant ? Pour Fabrice Rochelandet, maître de conférences à l’Adis, université de Paris-Sud, ce principe s’inscrit encore et toujours dans la recherche de nouveaux modèles économiques. « Il s’agit surtout pour YouTube d’améliorer la qualité des contenus en récompensant la créativité , analyse-t-il. Pour autant, on peut exprimer quelques doutes sur la viabilité d’un tel système. En premier lieu, qui va déterminer les critères de cette créativité ? Car ce n’est pas le travail des gens de YouTube. Les critiques en ligne ? Pourquoi pas, mais cela suppose un coût important pour les trier. Le vote des internautes ? On sait que c’est manipulable. L’audience ? On voit ce que ça donne à la télévision où les programmes qui font le plus d’audience ne relèvent pas forcément de la plus exemplaire qualité. »
Il est également probable que les dirigeants de YouTube voient surtout dans ce principe de rétribution un moyen de calmer l’agitation qui règne autour du site depuis son rachat, en novembre dernier, par Google pour 1,65 milliard de dollars. L’annonce de cet achat a en effet déclenché une collection de plaintes émanant de divers producteurs d’images.
Chaînes de télé, ligues sportives ou professionnelles du cinéma ont exigé de YouTube qu’il retire clips et films pour lesquels le site ne verse aucun droit. Des accords ponctuels ont été trouvés avec certains plaignants, comme CBS par exemple, impliquant le versement à la chaîne d’un forfait annuel sur les programmes disponibles sur YouTube.
Aubaine, la même CBS utilise désormais le site communautaire comme un de ses principaux vecteurs de communication. Idem pour certaines productions cinématographiques qui organisent des campagnes de promotion sans débourser un centime ou presque, Borat en étant le meilleur exemple. Pour finir, un pacte de non-agression a été conclu entre le site et les principales majors du disque (sauf EMI) qui prévoit une rétribution forfaitaire dans quelques mois, après qu’une évaluation précise des revenus publicitaires de YouTube aura été réalisée. Tout le monde ou presque semble prêt à jouer le jeu, à condition d’obtenir une part substantielle du gâteau. Mais la pression monte.
Cette semaine, la Fox a déposé une plainte car quelques-uns de ses programmes phares ( 24 heures chrono, notamment) se sont retrouvés en accès libre sur le site. Panier. Ainsi, il n’est pas absurde d’imaginer qu’un partage des bénéfices, en mettant, dans le même panier, professionnels et amateurs, pourrait constituer un début de solution. « Cela pourrait effectivement constituer un commencement pour faire accepter aux ayants droit le passage vers une diffusion de masse » , observe Fabrice Rochelandet. Dans ce cas, YouTube pourrait s’inspirer d’autres expériences tentées outre-Atlantique.
Le site communautaire Revver, notamment, construit sur un principe comparable à celui de YouTube, a prévu dès son lancement en 2005, de rémunérer chaque contributeur. Or, le site éprouve de grandes difficultés à établir de façon certaine que celui qui met une vidéo en ligne en est bel et bien l’auteur. Spots. Autre exemple, Current.tv. Lancée en août 2005 par un avocat, Joel Hyatt, et Al Gore, le candidat démocrate de 2000, cette Web télé se veut une chaîne participative et engagée.
Très vite, les concepteurs ont passé des accords avec des diffuseurs américains du câble et du satellite pour élargir l’audience. Et ça marche. Environ 30 % des programmes de Current.tv sont des reportages amateurs.
Mais c’est surtout sur la publicité que le site a fait mouche auprès d’un public jeune, traditionnellement réticent. L’an dernier, la chaîne a initié le principe des v-cam (viewers created ad messages) . En clair, un appel lancé aux amateurs pour réaliser les clips publicitaires d’un annonceur donné (Sony, Coca ou Toyota pour les plus récents).
Au finale, un clip fauché mais forcément singulier, une certaine notoriété pour l’auteur qui, de surcroît, touche 1 000 dollars en cas de diffusion sur la chaîne et jusqu’à 50 000 dollars si l’annonceur utilise ce matériel sur d’autres supports. De son côté, Current.tv perçoit de chaque grand annonceur un forfait annuel de l’ordre de 1 million de dollars. De quoi donner des idées.
Sources : LIBE (janvier-07)
Alors, Systaime, un compte sur youtube et Current-tv bientôt ?
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