27/09/2007

CHARLELIE AU BATACLAN


Lettre d'avoir été 2007.

C'est vrai, pour le grand bonheur des salles de cinoche, des vendeurs de parapluie et de soupes chaudes, c'est vrai qu'il a fait moche et froid au-dessus, autour et alentours de ceux qui étaient restés cantonnés en France au Nord de la Loire en Juillet / Août.

Pour ma part j'ai sillonné le pays de long en large, de quai en quai dans les gares TGV, de médiatrices en bissectrices, de diagonale en verticale, de diamètre en hypoténuse à travers tout le pays pour les concerts en plein air. La météo jouait souvent le suspens, cependant quand on fait le bilan, tout s'est plutôt bien, voire très bien passé, exception faite malheureusement du festival de Muzillac (pas de chance, c'était ce jour-là qu'on était suivi par Canal +) que l'assureur a prudemment préféré annuler pour des raisons de sécurité à cause des risques de tempête ce soir-là.
Et nous on a méchament assuré, (c'est le cas de le dire), même sous des cieux couverts.


Avec cette super équipe qui m'accompagnait,
on a fait des concerts toniques de Perpignan à Longwy, de Bonneville à Fréjus, de Genève à Luxey.
On a mangé des kilomètres mais on s'est aussi régalé de sentir la présence de ces dizaines de milliers de paires d'yeux illuminés par les projecteurs.

Avec en plus quelques bonus, comme lorsque je suis remonté faire le boeuf avec les Touaregs, hommes en blues de Tinariwen à Luxey, et à Bonneville, pareil avec les Américains de Lucky Peterson (parmi lesquels j'ai retrouvé Chuck E Luck le bassiste d'Earth Wind & Fire avec qui j'avais joué en 96 à Chicago sur le disque « Casque Nu »)

Si je m'interrogeais encore sur les potentialités de « New Yor Coeur » à convaincre tout public de son potentiel d'émotion, j'aurais eu la réponse avec les deux derniers concerts que je suis allé faire entre l'inauguration du festival du Film de Deauville et le premier jour des projections auxquelles je devais assister puisque faisant partie du Jury.

L'avant-dernier show eut lieu dans les arènes du Cap d'Agde pour le rassemblement des Escoudos, le plus grand rassemblement de bikers en Europe qui voit débouler chaque année sur la côte méditerranéenne 7000 motards venus de toute l'Europe. Grosses cylindrées, gros boulons et gilet de cuir sur les peaux tatouées de vrais mecs à la voix cassée et souvent accompagnés par des nénettes genre fées clochette au henné et piercing sexy, bandanas dans les cheveux, jupes à ras la foune et poitrines en avant. Le concert aux arènes démarra comme un moteur diesel. Les mecs m'observaient comme les membres d'un club fermé qui font passer une épreuve au postulant. Quand ils ont compris que c'était du sérieux, ils se sont mis debout et on a fini à fond les gamelles. Un show d'enfer on entendait les vilebrequins tourner sous leur carapace et les pistons de leur première retenue se mettaient en marche pour le plaisir. Et ça s'est fini tard dans la nuit après avoir éclusé ensemble l'équivalent d'un réservoir de bibine.

Le lendemain réveil de bonne heure, reprendre l'autoroute vite fait direction Grenoble. On jouait dans l'après-midi à Uriage au milieu des montagnes dans cette belle nature verdoyante. Plein soleil ambiance sereine et familiale. Quand on s'est mis en branle, on a vu arriver des gens de partout, comme pour venir se régaler après le repas dominical. 5000 ou 6000 personnes qui en profitaient dans une ambiance bucolique. On n'a pas changé une chanson du répertoire et pourtant les gens en ont profité avec la même intensité que la veille.
Passer de l'un à l'autre comme ça sans palier de décompression, savoir qu'on peut aussi bien parler au ZZ Top à barbe qui chatouille le nombril qu'au jeune couple venu là avec leur descendance écouter le monsieur qui chante dans « Toy Story », ça nous donne un grand angle d'auditoire, et c'est très réjouissant. Comme une saveur d'universalité humaine.

Oui on a joué devant ces milliers de gens, et pourtant quand j'allais jeter un oeil dans les bacs des FNAC ou aux rayons disques des grandes surfaces au mieux, je voyais quelques exemplaires du disque.
Après un mois d'insistance auprès du responsable, on obtint finalement comme réponse qu'en effet, il n'y a guère que deux à trois mille disques dans les magasins sur l'ensemble de la France... Alors faut pas s'étonner. Comment vendre des disques qui ne sont pas dans les magasins? On me répète que les gens n'achètent plus de disques, que c'est la faute des consommateurs... Mais quoi ? Doit - on se suicider et disparaître ? Doit-on abdiquer et ne plus rien faire ?
Au contraire quand ça devient difficile, il faut redoubler d'efforts !
Pourtant sur l'ensemble de tous les concerts qu'on a fait depuis Octobre dernier, je n'ai vu les représentants de ma maison de disque qu'UNE SEULE fois au mois de Novembre au Trabendo, (et encore à moitié, parce que pas d'chance, ce soir-là, vu qu' ils avaient d'autres groupes à voir et ils devaient se partager). Ils ne sont d'ailleurs même pas venus manger avec nous après...
T'imagines le soutien ?! C'est ça, oui, je comprends...

Après la sortie de l'album, j'ai vécu un trou noir: le blocage de la télé et ce manque d'enthousiasme m'avait flingué... J'étais un peu dans l'expectative. Je me disais: « New Yor Coeur » mérite d'exister parce que son contenu est universel mais bon et maintenant quoi ?
Qu'est ce que je fais ?
Est ce que je continue ?

Aujourd'hui, comme le réchauffement planétaire est indiscutable, la crise du disque et l'écroulement de la Musique en France sont des catastrophes avérées. Mais cette crise ne m'est pas exclusivement imposée comme une punition pour mauvaise conduite ou un châtiment pour expier mes péchés. Non ce n'est pas une marmite de merde déversée sur mon âme depuis les remparts d'une citadelle assiégée.
Non, cet état de crise culturelle dont les causes sont multiples, transforme en effet nos vies pour en faire un vaste champ de patates labouré dans lequel on doit faire du VTT si l'on veut passer.
Le milieu culturel en France n'est pas seulement une mafia, c'est devenu un champ de bataille jonché de cadavres.
Et par rapport à ce merdier, je m'en sors plutôt bien, puisque je suis toujours vivant et créatif.

Vous l'avez constaté c'est vrai, dans les réponses mises en ligne sur le site , j'y parle d'un nouvel album...
C'est pas encore fait, je ne sais pas quelle forme finale aura ce disque... Mais bon, l'écriture en est bien avancée. Le succès des concerts de cet été avec les équipes géniales qui m'accompagnent, et aussi grâce à ces deux mecs super Pacôme et Baptiste, qui ont pris le relais de la Com en France, tout cela m'a remis à cheval.
Toujours est-il qu'additionné à ce mauvais temps m'ayant cloîtré, j'ai beaucoup écrit. Les mots ont commencé à revenir et j'ai maintenant quelques chansons qui mériteraient, je crois, d'être enregistrées.
Par contre je ne sais pas encore comment, ni quand... ???

Anyway, à court terme, me voilà avec de nouveaux projets en ligne de mire.
Il y aura l'exposition de la galerie « Ô quai des arts » à Vevey en Novembre, puis le Bataclan le 9 assorti d'une ou deux autres dates, Puis une expo de photos en Février à Morges, une autre à Lille en Mars, en même temps que je rentrerai pour les dates de cet hiver... Une autre à Los Angeles au Printemps... Mais de tout cela je reparlerai plus tard.

La bonne nouvelle c'est que, vu les réservations, on peut d'ores et déjà dire que le Bataclan sera archi plein.
Précisons qu'en première partie les spectateurs arrivés de bonne heure (NDLR : 20h) pourront voir un super travail d'images que l'artiste Michael Borras alias « Systaime » est en train de nous concocter à partir de films que j'ai tournés et qu'il est en train de remixer. Une première en exclusivité ce soir-là !

Et puis d'autres choses encore, sur lesquelles on avance...

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