21/03/2008

cybercultures #3

L’ère des héros numériques

Fût un temps où pour asseoir sa légende personnelle, il fallait déployer une énergie considérable, voire inconsidérée… Aujourd’hui, finies les quêtes interminables, monstres à affronter, joutes sans fin et déboires inracontables ! Exit les marches forcées pour aller conter ses légendes, les tablettes à graver, les livres à faire écrire par ses disciples ! Voici venu le héros numérique !

Qui n’a jamais été tenté de créer son blog personnel, de le remplir de photos, d’y écrire sans retenue son quotidien trépidant ? Et quand bien même on n’est pas passé à l’acte, difficile d’échapper à l’irrésistible envie de s’ouvrir un Myspace ou Facebook pour y faire son apologie virtuelle. Voici Médor, nos dessins, films favoris et réflexions cultes passées à la cyber-moulinette, se transformant soudain en véritable sujet de discussion et de réflexion, là où il y a quelques décennies encore on y voyait que du banal. Bienvenus les commentaires diligents ou aggressifs, raison d’être de tout ce débordement psycho-technologique !

Lorsque ce n’est pas sur notre quotidien IRL, il y a aussi la tentation des vies parallèles, celles qui nous détournent d’un ciné avec les copains pour une bataille interstellaire avec les inconnus qui nous servent de rivaux. Là encore, notre intérieur se transforme en champs d’exploits dont nous sommes seuls ou presque à y trouver exception. Le nom s’affiche en haut d’une liste, l’avatar devient demi-dieu, son éloge s’entend de Montréal à Kyoto, et de Tombouctou à Tijuana notre jeu digital devient référence, puis s’efface, laissant à d’autres la primeur de la nouveauté.

Enfin on échange beaucoup plus sur nos instants mémorables qu’avant. Voilà que la simple altercation entre potes devient un buzz sur téléphone portable, l’instant d’ivresse un sujet de discussion incontournable.

Alors bien sûr les questions suivent… Qui est le héros de l’autre ? Est-ce vraiment héroïque de mettre en scène des lieux communs pour en faire de véritables performances ? Qui décide de notre potentiel « racontable », et ne sommes-nous pas plutôt victimes d’une surenchère de l’information ? Comme n’importe quelle autre épopée, nos aventures sont surtout le reflet d’une société, de sa façon de fonctionner et d’avancer. Je me demande souvent ce qu’imagineront de nous les historiens de l’an 3000, relisant nos archives numériques et recollant les bouts de nos vies égarées dans les réseaux. Seront-ils comme nous qui pensent qu’avant 1930 tout le monde vivait en noir et blanc et que les Gaulois cohabitaient avec des dragons ? Qu’importe, continuons à disperser nos fables, brouillons les pistes du connu en y mêlant nos imaginaires, nous deviendrons un jour peut-être de véritables héros…

Mina

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